Rêves de cheminots…

En manoeuvre
En manoeuvre

Bourg en Bresse, en face du poste 2. Agent circulation ayant un moment de calme devant lui, je suis descendu du poste assister à une manoeuvre. Au faisceau impair, une rame de wagons porte auto vide se gare par refoulement. A côté de moi, le chef de manoeuvre est à la radio, donnant les ordres au conducteur: « Refoule… refoule… refoule… refoule… ».

Tout se passe bien jusqu’à ce que le dernier essieu du train ne quitte la voie et ne se plante dans le ballast, bien coincé entre les traverses. Ca vire très vite au bordel. Bien que le chef de manoeuvre donne l’ordre d’arrêter, le conducteur continue de refouler. Dans un fracas d’enfer de métal tordu et de ballast projeté, la rame se plie en accordéon, fauchant quelques poteaux caténaire et projetant du ballast de partout: l’apocalypse en gare.

Je fonce dans le poste essayer de contacter le conducteur qui semble ne plus entendre la radio de manoeuvre. Qu’est ce qu’il fout ?! N’entendant plus rien, il aurait du s’arrêter en urgence ! Va t’il bien ? Il faut le savoir vite et arrêter ce train rapidement ! Deux cents mètres derrière lui, il y a le heurtoir puis le quai rempli de voyageurs qui restent plantés là à regarder sans avoir l’idée d’évacuer. Pendant que j’appelle désespérément le conducteur, je sens un truc froid et humide dans mon cou. Une fuite d’eau. C’est bien le moment !

Ah, non, c’est Continuer la lecture

La prime charbon

Les cheminots et la prime charbon: LE truc qui revient régulièrement, même en 2015, soit plus de 40 ans après la disparition de la dernière locomotive à vapeur et, donc, de la fameuse prime. Partons à la découverte de l’argument star de ceux qui ont l’air prodigieusement agacés par les cheminots.

Qui la touchait ?

La fameuse prime charbon n’était pas touchée par « les cheminots ». Non, elle ne concernait que ceux qui avaient une prise sur la consommation de charbon des locomotives à vapeur.

L'équipage d'une machine à vapeur: le conducteur mécanicien et le chauffeur.
L’équipage d’une machine à vapeur: le conducteur mécanicien et le chauffeur.

Seuls les mécaniciens et Continuer la lecture

L’alerte radio, cette inconnue qui vous saute dessus…

C’est un beau jour de printemps. Il fait grand beau, un peu frais. La pointe du matin s’est bien passée, comme quasiment tout le temps. 9h51, l’heure de l’arrêt d’un TER en direction de Mâcon. Je suis sur le quai où j’accueille mon chef qui vient de descendre du train et va effectuer son contrôle mensuel de notre bonne application des procédures de sécurité.

Coup de sifflet, ordre de fermer les portes. Portes bien fermées: un coup de palette pour autoriser le départ et ça roule. La routine. Nous rentrons dans le poste en discutant. Tout juste le temps de poser la casquette et le guidon de départ que la radio se met à hurler des « whoop whoop » continus. C’est l’alerte radio ! On saute sur la table PRS pour refermer d’urgence les signaux.

Ca y est, tout est au rouge. On a pris notre bon coup de trouille et on attend les nouvelles.

  • C’est quoi donc l’alerte radio ?

Sur le réseau ferroviaire français, il existe un système nommé RST (Radio Sol – Train). Comme son nom l’indique, c’est une radio qui permet aux agents au sol de communiquer avec les trains et inversement. Le réseau est découpé en cantons radio. Chaque canton utilise un canal différent des cantons à proximité. Ces cantons peuvent être plus ou moins grands. Pour ce qui concerne ma gare, il intègre la ligne de Mâcon à Ambérieu entre Mâcon et la gare de Pont de Veyle ainsi que la ligne de Paris-Lyon à Marseille Saint Charles entre les gares de Tournus et de Belleville sur Saône. Le canton représente donc environ 60 km de ligne. Dans des zones denses, ils peuvent être nettement plus courts. Leur étendue est adaptée en fonction de l’intensité de la circulation et des contraintes de réception du signal.

Surligné en jaune, l'étendu du canton radio de Mâcon.
Surlignée en jaune, l’étendue du canton radio de Mâcon.

Ce système de radio intègre Continuer la lecture

Il y a 60 ans tout juste…

Les 28 et 29 mars 1955, la SNCF et Alsthom (oui, avec un « h ») battaient le record du monde vitesse sur rail en faisant rouler les CC 7107 et la BB 9004 à 331 km/h, ouvrant un peu la voie au futur TGV qui atteint maintenant les 320 km/h… en service commercial.

Retour sur cet événement, qui a 60 ans aujourd’hui, avec ce reportage entièrement d’époque.