Mais pourquoi un passage à niveau peut il mettre un train en retard ?
Décidément, Twitter est une vraie source d’inspiration pour ce blog. Ce matin, ça tweet retard suite à un problème de passage à niveau. Mais au fait, pourquoi un passage à niveau peut il mettre les trains en retard ?
- Une conception sécuritaire…
Comme toujours en matière de chemin de fer, la conception des passages à niveau est entièrement axée sur l’aspect sécuritaire.
Un train dont le système de frein tombe en panne freine. Un signal qui tombe en panne se ferme. Un passage à niveau qui tombe en panne voit ses barrières descendre. Cela représente 99,99% des cas de défaillance mais c’est le cas le plus long à détailler.
Evacuons donc de suite les 0,01% restants.
- Le raté de fermeture…
Si le raté de fermeture d’un passage à niveau (le fait qu’il reste ouvert au passage d’un train) peut arriver, c’est rarissime. Une énorme majorité d’agents SE et d’agents circulation effectuent toute leur carrière sans jamais rencontrer le cas.
Dans le cas où cela se produirait, la procédure est simple et je pense que vous l’imaginez facilement : on ne fait plus passer un seul train sur le passage à niveau concerné tant qu’il n’est pas remis en état.
Je l’ai dis, cela représente 0,01% des dysfonctionnements de passage à niveau. Occupons nous maintenant du gros morceau.
- Le raté d’ouverture…
Le raté d’ouverture (le fait que le passage à niveau reste fermé en l’absence de tout train) est donc le dysfonctionnement le plus fréquent.
Vous allez me dire qu’un passage à niveau fermé ne présente aucun danger pour les trains et qu’il n’y a donc aucune raison de leur faire perdre du temps pour si peu.
C’est vrai mais ce serait oublier de prendre en compte une espèce animale aux comportements parfois troublants : l’usager de la route.
En plus de 150 ans de chemin de fer en France, nous avons eu le temps de le découvrir puis de le vérifier maintes fois : l’usager de la route, devant un passage à niveau fermé depuis un moment qu’il juge long et sans voir passer de train, fini par passer quand même. Le piéton passera sous la barrière. L’automobiliste, le cycliste, le motard passeront en chicane entre les barrières. Immanquablement, il y aura toujours un usager de la route pour ignorer que le feu rouge clignotant impose l’arrêt absolu. C’est d’ailleurs le seul feu qui arrête les véhicules prioritaires mais, tant pis, il se trouvera toujours quelqu’un pour passer.
Le risque est donc bien réel si l’on continue à faire circuler les trains à pleine vitesse sur un passage à niveau resté fermé.
Une fois encore, ce sont les agents circulation qui vont devoir prendre les mesures pour assurer la sécurité des trains et des usagers de la route.
Aussitôt averti du dysfonctionnement du passage à niveau, l’agent circulation va arrêter et retenir les trains se dirigeant vers le lieu du danger. Il avisera également immédiatement son collègue de l’autre gare afin qu’il en fasse de même.
La circulation des trains pourra reprendre immédiatement mais, chaque agent circulation, avant de laisser partir un train remettra un ordre à son conducteur. Cet ordre imposera la marche prudente aux abords du passage à niveau en raté d’ouverture.
En marche prudente, le conducteur roulera à la vitesse qui lui parait adaptée en fonction du motif. Dans le cas où il pourrait voir débouler une voiture devant son train, il roulera au pas.
Le temps de recevoir son ordre puis de franchir le passage à niveau à vitesse réduite, la perte de temps pour chaque train sera d’une petite dizaine de minutes. Sur un ligne chargée, les trains vont vite s’empiler dans les deux gares concernées par l’incident.
Afin d’améliorer la situation, en plus de l’agent SE qui remettra le passage à niveau en fonction, un agent de la voie est dépêché sur place. Il pourra reprendre le gardiennage du passage à niveau. Il fermera et ouvrira donc le PN manuellement en en reprenant la commande sur place.
Selon la disposition des lieux (grande ligne droite bien dégagée ou PN en courbe), il demandera aux agents circulation de limiter la vitesse des trains à 30 km/h sur les deux voies, sur une seule voie ou autorisera la reprise de la circulation à la vitesse normale dans les deux sens.
Quand l’agent SE aura remis le passage à niveau en état de fonctionnement, il en avisera les gares concernées. Les agents circulation pourront alors lever les éventuelles restrictions de circulation restant en vigueur.
- Un dernier cas, le bris de barrière…
Il reste encore un cas à voir. En effet, on l’a vu, l’usager de la route est parfois impatient. Il lui arrive d’être aussi maladroit. Qu’il ai voulu passer à la dernière minute sous les barrières ou qu’il en ai accroché une en manoeuvrant à proximité du passage à niveau, il lui arrive de casser une barrière. Que faire dans le cas d’un bris de barrière ?
Avec une barrière cassée, même si tout le reste fonctionne, on peut considérer que le risque est le même que pour un raté d’ouverture. En effet, un usager de la route, voyant les feux clignoter mais ne voyant pas de barrière devant lui, pourrait être tenté de passer. Il vaudrait donc mieux faire passer les trains à vitesse réduite.
En revanche, si dans l’incident qui a endommagé la barrière les feux rouges clignotants ont été endommagés, on peut considérer que le PN est en raté de fermeture. L’usager de la route ne rencontrera en effet ni feu ni barrière pour l’arrêter.
Alors, comment décider si l’on arrête toute circulation ou si l’on fait passer en marche prudente ? On pourrait tout arrêter et attendre l’arrivée des agents SE et voie mais on perdrait un temps précieux si la circulation est possible.
Dans ce cas, les agents circulation concernés se mettront d’accord entre eux et avec le régulateur de la ligne pour envoyer un train examiner le bon fonctionnement des feux rouges clignotants. Il recevra l’ordre de s’arrêter avant le passage à niveau, de vérifier le bon fonctionnement des feux et de faire part de ses constatations aux agents circulation.
Si les feux fonctionnent, on agira comme pour un raté d’ouverture. S’il y a le moindre défaut sur les feux, on agira comme pour un raté de fermeture.
- A propos des passages à niveau…
Je ne peux pas ne pas profiter de cet article pour quelques rappels concernant les passages à niveau et le comportement à avoir quand on est usager de la route.
Entre un voiture et un train, c’est toujours le train qui gagne et la mort quasi assurée si vous êtes encore dans votre véhicule. Pour vous en convaincre, je vous laisse découvrir cet extrait d’une émission britannique et leur crash test (vers 2min05s) qui résume tous les discours possibles :
– Toujours ralentir aux abords d’un passage à niveau.
– Dans tous les cas, ne pas s’engager sur un passage à niveau que l’on ne peut pas dégager.
– Ne jamais s’engager sur un passage à niveau dont les feux rouges clignotent même depuis longtemps.
– Si vous constatez un dysfonctionnement ou un incident à un passage à niveau, utilisez immédiatement le téléphone qui y est installé. Il est en relation directe avec les gares ou les postes qui peuvent prendre les mesures nécessaires.
– Souvent, à proximité du téléphone, se trouve un plan indiquant comment traverser la voie un peu plus loin. Perdez un peu d’essence mais pas votre vie.
– Quand vous êtes arrêté à un passage à niveau, ne vous collez pas aux barrières. Imaginez un peu que vous soyez percutés par l’arrière. Vous seriez poussé devant le train.
– Si vous êtes bloqué sur un passage à niveau par les barrières fermées, défoncez les. Elles sont prévues pour cela.
Tout cela peut vous paraître idiot mais, en quatre ans à la SNCF, j’ai vu des dizaines de comportements stupides aux passages à niveau. J’ai vu un automobiliste tuer le temps en s’amusant à taper dans la barrière avec son pare-buffle. J’ai vu des gens arrêtés sur le PN en attendant que ça dégage devant eux. J’ai vu des gens faire demi tour sur un passage à niveau. J’ai vu un automobiliste y tomber en panne et prendre le temps de vider sa voiture sans prévenir qui que ce soit. Je ne compte même plus les passages en chicane devant des trains arrêtés en gare ou roulant lentement.
Tous les cheminots, à la conduite, dans les postes, à la voie, au SE, tous, nous avons des dizaines d’histoire de comportements dangereux à des PN.
A un passage à niveau, soyez bêtes et disciplinés : ne passez pas au rouge, sous aucun prétexte !
ça m’est arrivé une fois près de Limoges (j’étais ado et en vélo). Sur les quatre ou cinq bagnoles présentes, avec leurs conducteurs, j’ai été le seul a avoir le réflexe d’appeler la gare via le téléphone du passage à niveau.
Je ne comprends pas pourquoi, et comment, des adultes sont incapables de prendre la seule décision intelligente et rationnelle: prévenir et vérifier ce qu’il se passe. Ne serions nous vraiment que des chimpanzés glabres?
Pourquoi le signal sonore s’arrête une fois que les barrières sont baissées?
Et je parle pas de l’Italie ou le signale sonore est tout sauf un danger, quand on sait pas, on cherche à gauche à droite où donc est c’te p’tite chapelle avec son p’tit clocher et ses deux cloches « sol » et « la » à la volée… pour un peu qu’on soit ébloui par le soleil en pleine poire, et BIM! on voit pas la barrière (c’est du vécu, en vélo… la barrière a sauté)