RVB en cours…
Un chantier de RVB (Renouvellement Voie Ballast) vient de commencer en gare de Pont de Veyle. Il s’agit de reprendre une bonne partie de la voie 3. Cette voie de service est utilisée pour garer des trains le temps d’un dépassement. Elle donne également accès à un petit faisceau de voies utilisé par l’équipement et les équipes de la caténaire LGV.
Je vous emmène pour une petite visite du chantier. Sans même sortir du poste, il est déjà bien visible.
Au TCO (Tableau de Contrôle Optique), les zones de la voie 3 sont au rouge, signe de la présence d’un train ou de la présence d’un dispositif de protection mis en place par les équipes de la voie :
Sur la table PRS (Poste tout Relais à transit Souple), les DA (Dispositifs d’Attention) et les DSA (Dispositifs Spéciaux d’Attention) sont en place sur les boutons commandants les itinéraires en direction de la voie 3 :
Les DA et les DSA, sont mis en place sur les boutons commandant un itinéraire afin d’interdire à l’agent circulation de les utiliser. De couleur rouge, les DA sont mis en place pour protéger du personnel travaillant sur la voie. De couleur bleue, les DSA interdisent le passage des circulations électriques sous une caténaire privée d’alimentation.
Dans le cas présent, les deux sont utilisés. L’alimentation est en effet coupée sur la voie 3 et du personnel y travaille. La coupure de la caténaire est nécessitée par l’utilisation d’engins de chantier qui pourraient entrer en contact avec elle.
Un gros trou de circulation dans l’après midi. Prenons quelques minutes pour aller voir le chantier de plus près. Repérons d’abord les lieux en jetant un oeil au TCO :
Nous nous trouvons au poste, dans le BV (Bâtiment Voyageurs), symbolisés en noir, en bas à gauche.
Nous allons aller voir la voie 3. Au passage, nous nous arrêterons jeter un oeil à l’aiguille 269a, puis, depuis le point K, nous remonterons la voie 3. Sur le chemin du retour, nouvel arrêt prévu au point K. Vous visualisez tout ça ? Vous n’avez pas oublié pas vos EPI (Equipements de Protection Individuels), gilet à bandes réfléchissantes et chaussures de sécurité ? Alors, en route !
Comme prévu, premier arrêt à l’aiguille 269a. Située sur la voie 1, voie de circulation en direction de Bourg en Bresse, elle est verrouillée par la mise en place d’une agrafe :
Ce dispositif, sorte d’étau, bloque la lame de l’aiguille contre le rail. Il est doté d’un cadenas qui empêche son retrait par un autre service que celui qui l’a mis en place.
Les travaux vont en effet durer plusieurs semaines et la voie va être démontée. En complément des mesures prises par l’agent circulation (mise en place des DA), le service de la voie et le service électrique ont condamné l’itinéraire vers la voie 3 en neutralisant cette aiguille au moyen de cette agrafe et en désactivant le moteur électrique permettant sa manœuvre.
Une agrafe, des DA en place au poste, la sécurité du personnel est assurée. Mais on en remet une couche pour en être vraiment sûr. Allons voir ça du côté du point K.
Vue depuis le faisceau, au point K : un SAM (Signal d’Arrêt à Main) interdit l’accès aux trains, que ce soit depuis cette voie ou depuis les voies principales (l’autre SAM droit devant) :
Un peu plus loin, dans la caténaire, le fanion bleu matérialise l’interruption de l’alimentation électrique. Le câble relié au rail effectue une mise à la terre de l’installation :
Encore plus loin, un dernier SAM, appuyé d’un pétard sur le rail achève de condamner l’accès à la voie dont le démontage à commencé :
Une bonne partie de la voie est déjà déposée et une pelleteuse est au travail :
C’est notamment la présence de cet engin qui nécessite la coupure de l’alimentation de la caténaire. Un bras de pelleteuse au contact d’un câble où circule du 1500V continu serait du plus mauvais effet.
Sur le chemin du retour, nouvel arrêt au point K. Sur le faisceau, une équipe de la voie, protégée par un SAM, effectue le remplacement de quelques traverses sous les appareils de voie :
Et voila pour ce petit tour de chantier. Ça vous a plu ? Vous avez des questions ? N’hésitez pas à les poser en commentant cet article.
Absolument passionnant, merci ! Il est fascinant de voir comment, en matière de sécurité ferroviaire, les dernières technologies sont associées aux méthodes les plus anciennes, pour couvrir tout l’éventail des erreurs possibles. On comprend mieux le temps nécessaire à l’installation des chantiers !
Super intéressant, comme tous les autres articles.
Pas de place à l’erreur, double, triple, quadruples sécurités, c’est essentiel.
J’avais compris ça après discussion (initialement houleuse…) avec des techniciens qui bossaient sur des voies de nuit à Lyon (lors de la création du technicentre) après des heures à essayer de dormir malgré les coups de trompe quand des trains passaient.
Qu’en sera-t-il après libéralisation totale, quand il faudra gagner du temps, aller vite, ne pas encombrer les voies trop longtemps… parce que ça « coûte ». Vos syndicats ont un gros boulot de conviction et de formation à faire auprès des médias, qui pour la plupart sont des ignares…
Extra! Comme d’habitude. Au passage, qui est-ce qui vérifie les éclisses? Depuis Brétigny ça doit être devenu une véritable hantise, non?
Bonne continuation, bien cordialement, F+