Pourquoi je ne suis pas en grève…

Manif_02Voila un titre d’article qui en rappellera un autre à ceux qui me suivent. Que l’on soit clair tout de suite, je ne vais pas faire un article à chaque grève pour expliquer les raisons de ma participation ou de ma non-participation. Par contre, je trouve intéressant, après le gros succès de l’article précédant, de montrer que, contrairement à ce que semblent penser certains, on n’est pas soit gréviste fanatique, soit un courageux travailleur qui ne fait jamais grève. On n’est pas soit un encarté équipé d’œillères soit un salarié libre de penser.

Un préavis de grève a donc été déposé par la fédération CGT des cheminots. Ce préavis couvre l’ensemble des agents de la SNCF pour la période du 3 Novembre à 19h au 5 Novembre à 8h. Quels en sont les motifs ? Rien de mieux que d’aller voir l’information à sa source. Voici donc le préavis tel qu’il a été reçu par la direction de la SNCF et transmis aux cheminots.

Mis à part sur ce qui concerne la sécurité des trains, je partage leur point de vue sur une bonne partie des points soulevés. Je pense en particulier aux suppressions d’emplois et aux fermetures de guichets qui contribuent à réduire la qualité du service rendu. Dans mon village, si on ne peut pas se rendre au guichet du Lundi au Vendredi entre 15h et 20h, il faut maintenant se rendre au guichet le plus proche… à 12 km de là. Prendre sa voiture pour acheter un billet pour un train qui part de son village, ce n’est pas ce que j’appelle du service public de qualité. Il y a encore un an, cette gare était ouverte 7 jours sur 7 de 6h30 à 20h. Avouez que ça fait un sacré changement. Mais bon, il fallait faire des économies et on a donc supprimé deux postes.

Après, comme je l’expliquais dans cet article, la SNCF est loin d’être seule responsable de la situation et les politiques se cachent bien derrière elle pour faire oublier leurs décisions. Malgré cela, en tant qu’agent SNCF, notre moyen légal de pression c’est de cesser le travail et d’interpeller notre direction. Je suis donc d’accord pour dire que, face à cet état de faits, le recours légal, quand la négociation n’a rien donné, c’est la grève.

« Mais alors, si tu es d’accord sur les revendications et sur le principe de grève, pourquoi ne vas tu pas y participer ? » me direz vous. Eh bien parce que je pense que la grève d’une journée, pour des sujets aussi importants, c’est voué à l’échec. On l’a vu en Juin dernier, même quand l’arrêt du travail dure, le résultat reste très léger, alors, une journée, pensez donc… Un tel mouvement, à part nous faire perdre une journée de salaire, ça ne sert à rien. Faire chier le monde si on a une chance de faire avancer un dossier, oui. Si c’est pour du vent, autant garder notre salaire et laisser les voyageurs emprunter nos trains en paix.

Jour de grève sur le réseau parisien ( CC-BY Jean Pierre Dalbéra )
Jour de grève sur le réseau parisien ( CC-BY Jean Pierre Dalbéra )

A mon avis, la grève d’une journée, ça peut être un bon outil dans le cadre d’un conflit local pour des problèmes locaux. Quand on est sur l’avenir du service public ferroviaire au niveau national, l’enjeu est tel qu’il faut se donner les moyens d’avoir des résultats ou, tout du moins, de ne pas se dire qu’on a pas tout fait pour arrêter la politique que l’on dénonce. Je pense qu’il vaudrait mieux une grosse grève, tous les 3 ou 4 ans, menée jusqu’à obtenir de vraies avancés, que ces petits coup de semonce qui nous font perdre en clarté vis à vis du public et ne permettent généralement que d’obtenir des promesses assez vite enterrées.

Voila donc pourquoi je serai au boulot lors de ce préavis.