« Oui, y a grève et on sait même pas pourquoi ! » cette remarque je la lis et l’entends quasiment systématiquement en cas de grève. Avec Internet, plus que jamais, il est facile de prendre la parole et d’expliquer ses choix personnels, voici donc pourquoi je suis en grève dans le cadre du préavis renouvelable déposé pour le 10/06/2014 à partir de 19h.
Avant de rentrer dans le détail des choses, une remarque. J’entends aussi qu’il n’est pas normal que la SNCF ne communique pas elle même sur les raisons de la grève. Il est normal qu’elle ne le fasse pas. L’entreprise s’exprime en son nom. Elle n’a pas a être le porte parole de ses salariés ou des syndicats de cheminots.
Et c’est reparti. Pas encore repus du sang de la bête, certains journalistes en remettent une couche sur la SNCF. Maintenant, ce sont les TER bimode (diesel et électrique) qui rouleraient en mode diesel même sous caténaire.
C’est le journal Challenges qui sort le nouveau « scandale » en illustrant l’article avec la photo d’une rame… électrique.
Mercredi 21 Mai 2014, le Canard Enchainé lâche une bombe: »La SNCF a commandé près de 2000 nouvelles rames pour ses futurs TER. Problème: elles sont un poil trop larges. Il faudra raboter les quais de centaines de gares ».
Evidemment, une telle info est reprise en boucle et commentée à tour de bras sur les réseaux sociaux. Evidemment, personne ne rate une si belle occasion de dénoncer la gabegie publique et de taper sur la SNCF, forcément chère et incompétente. Pas grand monde pour aller vraiment chercher les infos dont certaines sont pourtant dans l’article du Canard.
Voila encore du boulot pour les bloggeurs cheminots !
Premier étonnement de ceux qui connaissent le dossier, le chiffre de 2000 rames commandées. L’article du Canard parle des rames Regiolis de chez Alstom et des rames Regio2N de chez Bombardier. A l’heure actuelle, il y a une commande de 216 rames Regiolis Source) et de 197 rames Region2N (Source). On en est donc à 413 rames commandées. D’où vient le chiffre de 2000 ? Mystère.
Dimanche 11 Mai 2014, Capital relance encore la machine à fabriquer des fantasmes sur la retraite des cheminots. On nous montre le cas d’un collègue conducteur, parti à 52 ans et qui complète copieusement sa retraite en tirant des trains dans le privé.
Pour ajouter à cela, on nous sort une infographie annonçant un départ à la retraite à 52 ans et une moyenne de 1900€ de pension: le bonheur quoi !
Évidemment, pas un soupçon de recul et aucune analyse: « la retraite des cheminots, c’est la vie de château, c’est vrai puisque c’est vu à la télé « .
Aller, on va remettre le cerveau en route et regarder ce qui se cache vraiment derrière le régime spécial des cheminots.
Pour que l’on parle de la même chose, je précise que j’évoque le cas d’un salarié qui a 40 ans car le cas présenté dans l’émission de Dimanche est un cas particulier. Je reviendrai là dessus. Les chiffres que j’évoque en matière de mode de calcul sont tirés du site info-retraite.fr, GIP créé par la loi du 21 Août 2003. C’est donc une source qui est tout sauf politique ou syndicale.
Qui est concerné par le régime spécial ?
Ce ne sont pas tous les cheminots qui bénéficient du régime spécial de retraite. Pour y avoir droit, il faut avoir été embauché à la SNCF jusqu’à 30 ans. Les cheminots embauchés au delà de cet âge sont au régime général. Fin 2011, ils étaient un peu plus de 9000 et leur nombre augmentait de 1000 par an. (Source). On peut donc penser qu’à fin 2013, les cheminots au régime général représentent en gros 10 000 personnes sur les 155 000 salariés de l’EPIC SNCF soit environ 6,5% de l’effectif.
Petite précision, par cheminot, on entend tout salarié de la SNCF qu’il soit conducteur ou pas. J’ai vu que, pour certains, seuls les conducteurs sont cheminots. Ce n’est pas le cas. Continuer la lecture
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