Encore une bonne question venue de Twitter: « Dans un poste d’aiguillage, comment vous savez quel train arrive et où vous devez l’envoyer ? » Aller, je vais tout vous dire !
Déjà, je suis content de voir que celui qui pose la question sait que ce n’est pas le conducteur qui choisit l’itinéraire de son train. J’ai déjà lu, sur Twitter, des gens qui blâmaient un conducteur d’avoir pris la mauvaise direction. Donc, non, le conducteur ne choisit pas où va son train. C’est le boulot de l’aiguilleur dans son poste d’aiguillage.
L’ONJ (Ordre Normal Journalier) :
Au commencement était l’ONJ. C’est l’Ordre Normal Journalier. Présenté dans une application informatique, c’est l’ordre dans lequel les trains doivent passer devant le poste:
Chaque ligne correspond à un train. Sur la photo ci-dessus, le prochain train à venir sera Continuer la lecture
« Quel temps on a eu ces dernières semaines ! Un vrai plaisir cet avant goût de l’été, surtout quand, comme moi, on bosse un peu en extérieur. » 16h43, sous un beau soleil printanier, le TER 882114 termine son freinage quand j’en suis à me faire cette réflexion.
Descente de quelques voyageurs dont le lot d’habitués qui me saluent. Un oeil à la pendule, coup de sifflet, geste au conducteur pour demander la fermeture des portes puis je termine par un petit coup de guidon de départ. 16h44, bien à l’heure, l’AGC repart en direction de Mâcon.
Retour dans le poste. Tiens, le TGV prévu dans une dizaine de minutes n’est pas bien loin. Le TER franchit le signal de sortie de la gare. Je confirme la fermeture du signal et j’envoie l’annonce à Mâcon. De son côté, le TGV doit déjà être en train de freiner. Il a six bonnes minutes d’avance le bougre. Vite, je trace l’itinéraire pour qu’il sorte du raccordement LGV et prenne la direction de Bourg en Bresse. Et là, c’est le drame… DRIIIINNNGGG !!!! Continuer la lecture
A la lecture du titre, j’en vois qui ont déjà l’oeil qui frise. Aucun rapport avec le film d’Ôshima. Non, nous allons parler de parité. Là non plus, aucun rapport avec le sexe. Nous allons parler de la parité des trains.
Pour une fois, la question ne sera pas venue de Twitter mais directement des commentaires de ce blog : « qu’est ce que les sens pairs et impairs ? »
Les voies ont un sens…
Comme je l’avais évoqué à l’occasion de cet article, les voies de chemin de fer ont un sens. On pourrait penser qu’une voie, ce n’est toujours que deux rails et qu’il n’y a donc aucune contrainte à faire passer un train dans un sens ou dans l’autre. Ce n’est pas le cas. Si on fait un parallèle avec la voiture et que l’on s’imagine dans une rue à sens unique, il apparait évident que le premier problème sera celui de la signalisation. Sur une voie, comme dans une rue à sens unique, les signaux sont implantés dans un sens. Le conducteur d’un train qui circulerait à contre-sens ne pourrait donc pas voir les signaux permettant l’espacement des trains ou donnant les indications de vitesse à respecter.
En plus de cela, les voies comportent divers équipements. En premier lieu, il y a le KVB (contrôle de vitesse par balises). Les balises permettant d’assurer que les conducteurs ne font pas d’erreur sont installées pour un sens de circulation précis. En plus de cela, il y a diverses pédales, balises et commandes permettant, notamment de fermer les passages à niveau. Par défaut, tout cela est installé pour un sens de circulation.
… et doivent être identifiées :
Pour faciliter la gestion du trafic, il fallait pouvoir désigner chaque voie par un nom. Imaginez comme ce serait peu pratique si, dans chaque gare, on devait parler de la voie de X à Y ou l’inverse. Pas simple et bien long. Pour remédier à cela, il a été convenu de donner aux voies des numéros et l’on s’est inspiré des numéros des rues de nos villes : pair dans un sens, impair dans l’autre. Histoire de définir une norme, on a décidé que les voies impaires seraient celle venant de Paris et les voies paires celles allant vers Paris.
Les voies de service ont été numérotées en s’alignant sur les voies principales. Les voies de service donnant sur une voie impaire sont également impaires. Même principe pour les voies de service donnant sur une voie paire. C’est ainsi que, dans une grande gare, on parlera de faisceau pair et de faisceau impair.
Un exemple avec le plan de voie d’une petite gare :
Les trains suivent le mouvement.
Quand les trains se sont multipliés, il a également fallut les nommer de façon courte et efficace. On a donc basé la numérotation des trains sur celle des voies : les trains s’éloignant de Paris sont impairs et ceux se dirigeant vers Paris sont pairs.
Evidemment, le numéro des trains étant lié à la voie sur laquelle ils circulent, sur certains parcours, ils changent de parité plusieurs fois. Les postes d’aiguillages verront donc passer le même train mais pas avec le même numéro. Voici un petit exemple avec un train qui circulait pas loin de chez moi, le TER 882127.
Le Dimanche après midi, il assurait une relation Bourg en Bresse – Lyon via Ambérieu.
Au départ de Bourg en Bresse, il circulait donc sur voie 1. Arrivé à Ambérieu, il prenait le raccordement pour emprunter les voies en direction de Lyon. Ces voies sont celles normalement utilisées pour un trajet en direction de Paris. Le train changeait donc de parité et devenait le 882126. En arrivant au Nord de Lyon, en gare de Saint Clair, le 882126 prenait la direction du Sud pour la gare de la Part-Dieu et circulait à nouveau sur voie 1. Il changeait à nouveau de parité et redevenait le 882127.
Evidemment, pour des raisons pratiques, les voyageurs ne connaissent ce train que sous un seul numéro. Pas question d’embrouiller tout le monde.
Et voilà, vous savez tout sur la parité des voies et des trains. Des questions ? Un truc pas clair ? N’hésitez pas à laisser un commentaire.
L’aiguillage, domaine inconnu du public, mais à un point que je n’imaginais pas. A l’occasion de l’erreur de direction qui a eu lieu hier sur le RER, je réalise que certains semblent croire qu’une erreur de direction peut envoyer deux trains à la collision. Non. Il existe des systèmes qui empêchent de tracer des itinéraires incompatibles ou d’ouvrir les signaux si un train est déjà sur la voie.
Voyons un peu quelles sont ces sécurités et comment elles se sont mises en place petit à petit.
Aux origines du chemin de fer…
Dans les années 1820, le réseau ferré n’existe pas. Il ne s’agit pour le moment que de quelques lignes disséminées un peu partout en Europe. A l’époque, s’il est déjà question d’aiguillage, il n’est pas question de poste d’aiguillage ou de signalisation. Les aiguilleurs manoeuvrent les quelques aiguilles à pied d’oeuvre, c’est à dire que le levier commandant une aiguille est installé juste à côté de celle ci. Il n’existe pas de système de signalisation. Les trains sont espacés à la montre. Ils sont peu nombreux et ne roulent pas vite. On envoie donc le train suivant quand on estime que le précédent est assez loin. Les quelques signaux rencontrés par les trains sont faits par les aiguilleurs, à l’aide de drapeaux. C’est la préhistoire. Toute la sécurité repose sur l’humain. A la moindre erreur, aucun rattrapage possible. Toute l’évolution de l’aiguillage va justement être l’ajout de boucles de rattrapage aux erreurs humaines. Continuer la lecture
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