Agent Circulation

Conducteur, contrôleur, je suppose que vous voyez à peu près de qui on parle mais « agent circulation »… Qu’est ce donc que cette bête là ?

Le règlement général de sécurité nous apprend qu’il est chargé du service de la circulation dans son secteur circulation. Je ne vous vois pas plus avancés. Aller, je vais vous la faire claire : c’est l’emmerdeur qui a tous les pouvoirs pour arrêter votre train !

Il travaille en poste d’aiguillage en coopération avec un ou plusieurs aiguilleurs. Dans la pratique, cette organisation du travail n’est pas la plus répandue et l’agent circulation tient généralement la fonction d’aiguilleur mais là n’est pas le sujet.

Il est donc chargé d’assurer le service de la circulation dans son secteur circulation.

Qu’est ce que cela signifie ? Prenons le cas le plus simple, celui de gares commandées par un poste d’aiguillage unique et faisons un petit dessin : en vert, le secteur circulation de la gare 2, en bleu celui de la gare 1, en rouge, celui de la gare 3.

Secteurs circulationLe secteur circulation d’un poste s’étend donc généralement du signal de sortie de la gare précédente au signal d’entrée de la gare suivante.

Maintenant que vous visualisez le terrain d’action de l’AC (employons donc les abréviations maison ;-)), voyons voir en quoi consiste le service de la circulation :

1 – Respecter l’ONJ. L’Ordre Normal Journalier, est, comme son nom l’indique l’ordre normal de passage des trains pour la journée. L’agent circulation est en charge de le respecter. Si un souci sur un train amenait à ne pas pouvoir le faire, l’AC se met en relation téléphonique avec le régulateur de la ligne qui, seul, pourra décider du nouvel ordre de circulation des trains. L’agent circulation sera alors responsable de faire circuler les trains selon le nouvel ordre défini par le régulateur.

2 – Assurer la STEM (Surveillance des Trains En Marche). Même si cette mission n’est pas du ressort exclusif de l’agent circulation, elle lui est dévolue 99% du temps.

3 – Assurer la protection du personnel intervenant sur les voies. Dans le cadre de travaux, il est courant que les équipes de la voie interviennent entre deux trains. Elles prennent alors contact avec l’agent circulation qui procédera à une fermeture de voie. Cette procédure permet d’interdire la circulation sur une portion de voie donnée. En cas d’erreur dans l’application des procédures, le risque serait d’envoyer un train à pleine vitesse sur les agents au travail qui, pourraient avoir déposé un morceau de rail. Pas le droit à l’erreur !

4 – Gérer les incidents circulation. Obstacle sur la voie, dysfonctionnement d’un passage à niveau, personnes sur les voies, bref, tout ce qu’il constate ou dont il est averti et qui pourrait mettre en danger les trains ou les personnes demande une action immédiate de sa part : l’arrêt en urgence des trains se dirigeant vers le danger. Si la situation le permet, la circulation des trains pourra reprendre avec d’éventuelles limitations. L’agent circulation est alors chargé de rédiger des bulletins d’ordre transmis aux conducteurs qui précisent les limitations à observer pour que le train puisse circuler en sécurité. Pas question de se rater là dessus, des vies sont en jeu !

5 – Gérer les dysfonctionnements de la signalisation. Là aussi, il s’agira de prendre les mesures utiles pour que les trains circulent en sécurité. Un dysfonctionnement des signaux entrainant dans 99% des cas leur fermeture, l’agent circulation sera chargé, à chaque train, de vérifier que la cause de fermeture du signal est bien uniquement le dysfonctionnement identifié. Si c’est le cas, il pourra délivrer au conducteur un ordre écrit de franchir le signal fermé. Là encore, hors de question de se louper !

6 – Gérer les dysfonctionnements des appareils de voie (aiguillages). Là encore, il faudra assurer la sécurité des trains en les arrêtant, en prenant les bonnes mesures et en délivrant les ordres approprié aux conducteurs.

Les tâches sont classées ici par ordre de fréquence et non par ordre de priorité. La sécurité des trains passera toujours en premier et tant pis si l’ordre de circulation ou les horaires ne sont pas respectés.

Une vue sur le bureau de l’agent circulation de la gare de Pont de Veyle :

Les outils de l'AC

Au centre, l’écran affichant l’ordre normal journalier. Chaque ligne correspond à un train avec son origine, sa destination, son heure de passage ou d’arrêt en gare. A droite, le pupitre téléphonique permettant d’entrer en relation avec les gares voisines, le régulateur de la ligne et les différents téléphones présents le long des voies ou aux passages à niveau. A gauche, l’écran du SAAT (Système d’Annonce Automatique des Trains). Il indique la position des trains dans un secteur donné. Avec l’expérience, on connait le temps nécessaire à un train apparaissant dans une case pour arriver en gare en fonction de sa nature (marchandise ou voyageur). Très utile pour planifier les croisements. En dessous, le pupitre de la RST (Radio Sol Train) permettant de communiquer avec les conducteurs. Le bureau est également doté d’une documentation de plusieurs milliers de pages reprenant toute la réglementation en vigueur et les procédures à suivre en cas d’incident. Des heures de lecture en perspective !

Les agents circulations travaillent généralement en 3×8, 365 jours par an. A l’heure actuelle, agent circulation est bien souvent un métier où l’on est seul. Dans l’avenir, l’évolution prévue de l’organisation du réseau en quelques grands centres de gestion de la circulation devrait mener à passer à beaucoup plus de travail d’équipe.

L’agent travaillant seul, cette fonction est souvent cumulée avec d’autres comme aiguilleur ou agent E. Dans les petites gares, il est bien souvent aussi chef de la manoeuvre, agent d’escale, chef de service, guichetier, balayeur et un peu assistante sociale. Ce type de poste à tout faire nous vaut le doux surnom de « p*te du chemin de fer ».

Si le métier vous tente, sachez que la SNCF engage très régulièrement dans le domaine de la circulation : https://www.emploi.sncf.com/fr/emploi/ . Il faut juste être prêt à retourner à l’école pendant 3 gros mois pour apprendre les bases puis à se retrouver seul face à soi -même en situation perturbée ;-). Il vaut mieux aussi être mobile. L’embauche se fait en effet sur un établissement régional. Pour l’exemple, celui de Chambéry inclus les départements de l’Ain, de l’Isère, de la Savoie et de la Haute Savoie. Vous pouvez donc être embauché à Grenoble, à Modane ou à Bourg en Bresse. Déménagement à prévoir…

Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à me poser vos questions en commentaire ou sur mon compte Twitter. A bientôt pour découvrir d’autres métiers du rail.